[D-G] lets prepare together before the conference of 1st october please on dg i beg ya here interesting cooool
Liza Kozner
liza_kozner at yahoo.co.uk
Thu Sep 29 21:47:48 PDT 2005
Quels savoirs pour laltermondialisme ?
Rencontre organisée le 1er octobre 2005 à lULB
par le GECo (Groupe détudes constructiviste)
(voir http://dev.ulb.ac.be/geco/)
et
par le PAI (pôle dattraction interuniversitaire) « Loyautés des savoirs »
(voir http://www.imbroglio.be/)
Les cris ont un mode de propagation propre. « Un autre monde est possible ! » a la puissance dun faire sentir dont la portée est, a priori, indéterminée. Et cest en tant que tel quil est susceptible de nous poser question, à nous, intellectuel/le/s", cest-à-dire à nous pour qui la production de savoir compte, mais qui manipulons des catégories théoriques toujours susceptibles de nous défendre (ou de nous séparer) de cette puissance, et de faire taire cette indétermination.
Que peut, si nous acceptons de lentendre, nous apprendre ce cri, mais aussi lensemble de ce qui entre en résonance avec lui ? On peut penser ici, entre autres, à ce quil est désormais possible dappeler l« événement » OGM, à la mise en question de plus en plus active des Droits de Propriété Intellectuelle (deux sujets qui préoccupent le PAI « Les loyautés des savoirs ») ; mais aussi à la manière dont beaucoup de Français ont, avant le 29 mai, lu et/ou discuté dun texte qui nétait sans doute pas fait pour être lu, bien plutôt pour servir de justificatif aux « réformes » dont la nécessité simpose, nous disent les experts, à la manière de la loi dattraction universelle de Newton.
La rencontre que nous proposons na pas pour but dinterroger laltermondialisme en tant que tel, mais de nous situer nous-mêmes par rapport au « possible » quil affirme. Nous faisons lhypothèse que le cri « alter » appartient à une époque dont il sagit de penser la nouveauté mais aussi la persistante solidarité avec une imperturbable référence à un progrès excluant tout « autre ». Le cri rendrait alors perceptible que cette référence fonctionne, et a peut-être toujours fonctionné, comme un « mot dordre ». Et quil appartient au pouvoir de ce mot dordre de faire accepter comme souhaitable, ou malheureusement nécessaire, la destruction de ce qui peut être qualifié d« entrave au progrès ». Quen est-il alors de nos propres savoirs, disons « académiques » au sens large, et du rôle quy joue la référence au progrès ? Nont-ils pas été, eux aussi, capturés par ce mot dordre ? Ne risquons-nous pas, si nous nacceptons pas la mise à lépreuve de toutes les catégories qui souscrivent
à une logique de progrès, ou affirment le danger de « régressions » (ce serait ouvrir la porte à
), de ne pas entendre la manière dont le cri « alter » nous met, nous aussi, en question ?
On ne tombera pas, à propos des savoirs impliqués dans le mouvement altermondialiste, dans le piège dune mystique romantico-révolutionnaire, qui attendrait de la voix du peuple, lorsquil se met en branle, une vérité auparavant inconcevable. Un proverbe chinois dit que le fou tire sur la jeune pousse, alors que le sage sarcle autour. Le sens dun possible précaire nest pas ailleurs que chez tous ceux/toutes celles qui se demandent « comment sarcler ». En loccurrence, pour nous, cela pourrait signifier comment concevoir la possibilité et limportance d« autres » modes dengagement producteurs de savoir que ceux qui prévalent aujourdhui. Comment habiter lespace ouvert par le cri « alter », tout en contribuant à lempêcher de devenir mot dordre ? Et dabord - parce que nous pouvons à ce sujet apprendre les un/e/s des autres - comment nos catégories, notre manière de nous situer, sont-elles mises en risque ou en mouvement selon la manière dont nous pouvons entendre ce cri ?
Cest ici dailleurs quune des dimensions de lapproche constructiviste expérimentée par le GECo peut être pertinente, car cette approche implique de se soustraire activement au mot dordre de neutralité qui correspond à lengagement académique, et cela non en dénonçant cette neutralité comme « fausse », mais en faisant importer dautres questions telles que : de quel prix se paie une telle neutralité ? à qui le savoir produit selon cet engagement sadresse-t-il ? Pour qui fait-il une différence ? Comment situe-t-il celui ou celle qui le propose ? Quest-ce qui a titre à le mettre à lépreuve ?
Dans « La sorcellerie capitaliste », Philippe Pignarre et Isabelle Stengers ont proposé de penser les savoirs non à partir de lopposition entre « neutre » et « engagé », mais à partir du contraste entre « minoritaire » et « majoritaire », qualifiant de majoritaire « toute pensée se définissant comme valide en droit, indépendamment du fait que les gens quelle concerne pourtant soient capables de penser » (p. 146). Un tel contraste (qui permet de penser les sciences expérimentales comme des savoirs minoritaires !) pourrait-il nous aider à penser qu« un autre monde (académique) est possible ! » ?
Organisation de la rencontre
Le « nous » qui se réunira le 1er octobre désigne des « producteurs de savoir », quils soient diplômés ou non, mais pour qui la question de cette production importe.
Notre but est doser parler à cette époque, situé/e/s par elle. Cest pourquoi il ne sagira pas dune rencontre « grand public désireux de sinformer », mais dune réunion de travail, où tous les participant/e/s seront également, potentiellement du moins, intervenant/e/s, et où nous éviterons tout exposé « général », que ce soit sur laltermondialisme, le progrès, le monde académique, etc.. Il sagit de privilégier un processus de construction nourri par ce qui fait penser, hésiter, imaginer, douter, objecter chacun/e dentre nous, ce qui implique une prise de risque par rapport au rythme usuel des rencontres académiques (écouter un orateur, discuter de ce quil/elle a présenté, puis passer au suivant).
Nous ne prévoyons donc pas de programme, mais demandons en revanche à ceux/celles qui le désirent de se préparer à une ou plusieurs interventions brèves (pas plus de 15 minutes en tout cas, moins si possible). La journée sera séquencée en périodes distinctes, chacune ouverte par un/e volontaire qui créera ainsi le paysage que dautres interventions, questions, discussions viendront habiter. Les séquences sont prévues pour éviter deux types de dérive : celle qui mènerait à exclure certaines propositions au nom dimplicites non partagés et celle qui nous mènerait tous hors du propos.
Pour quune telle organisation soit viable, il est nécessaire que ceux et celles quelle concerne se rendent capables de la faire tenir et de lhabiter. Sommes-nous capables de prendre et recevoir, dapprendre ensemble, de lier ce qui nous importe aux apports des uns et des autres ? Cette épreuve appartient aux possibles précaires dont notre rencontre voudrait poser et expérimenter la question.
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